Quand l’art du collage était tiré par les cheveux

En dehors de l’aspect religieux du culte des reliques, depuis le XVIe siècle on tente de perpétuer la mémoire d’un être disparu à travers une mèche de cheveux. Mais c’est à partir du XIXe siècle que, apogée du romantisme oblige, se développe une pratique quasi artistique qui consiste à garder les cheveux d’un être cher et à les arranger de façon à composer soit ses initiales, soit un décor ou paysage qui comportait généralement un saule pleureur, à encadrer. Pratique populaire, elle devint à la mode chez les hautes sphères, qui feront réaliser leurs tableaux capillaires d’abord par des coiffeurs, puis par des artisans spécialisés se présentant comme « coiffeur naturaliste » réalisant « des dessins en cheveux ». Et bien évidemment, pour fixer le capillaire il faut utiliser de la colle. D’où le fait que le « collage de cheveux », sans tirer sur la crinière, a été très répandue durant le XIXe siècle, jusqu’à en devenir désuet et disparaître aux premières aubes du XXe siècle. En mémoire de ce passé glorieux, le musée des Arts et Traditions populaires organisera en 1937 une exposition rétrospective de ces tableaux collages capillaires. Le spécimen que possède le musée Artcolle date de 1821 et se nomme « Recuerdo del pelo de Juana Tabanera », c’est-à-dire « Souvenir des cheveux de Juana Tabanera ».

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