Encyclopédie : Silhouettage et silhouetteurs

Au XVIIIe siècle tout ce qui venait d’Orient était très prisé, et sans quitter le domaine du découpage-collage-montage, l’ombromanie, issue directement des canivets et du théâtre d’ombres chinois, fera également fureur.

L’ombromanie faisait appel aux talents des découpeurs. C’est d’Angleterre que vint la vogue de l’ombromanie: Goethe lui-même n’est-il pas tombé amoureux de la comtesse Charlotte après avoir vu son portrait découpé !

Un célèbre découpeur, Anthing, silhouetteur attaché à la cour, découpa en son temps les portraits de tous les grands d’Europe.

En France, Étienne de Silhouette, contrôleur général des finances, fit la promotion de l’ombromanie: en effet à l’époque la noblesse se faisait peindre aux frais de l’État par les peintres et miniaturistes les plus renommés et donc les plus chers !!!

Pour la promotion de cet art économe, il fit décorer dans son château de Bry-sur-Marne une pièce entière de portraits découpés.

Pendant que Silhouette découpait à sa manière le budget de la France, Louis XVI et Marie-Antoinette montrèrent l’exemple à la noblesse en se faisant silhouetter, mais cela ne plaisait guère à la noblesse qui abondait dans le luxe, et dans le langage populix, la dérision faisant, l’ombromanie deviendra ‘silhouette’ par moquerie envers le ministre…

Marie Antoinette qualifiera le découpage d’art noble, le peuple le lui rendra bien quelques années plus tard en lui découpant la tête, mais là sans véritable noblesse.

Les tarifs des silhouetteurs variaient suivant la scène à découper, imitant en cela le tarif des peintres : le portrait à cheval coûtait deux fois plus cher qu’un portrait en pied, qui lui-même coûtait deux fois plus cher qu’un portrait en buste.

La mode de la silhouette, qui ne dura guère en France, disparut presque totalement après la Révolution, époque pendant laquelle on avait aussi découpé de nombreuses têtes. Les découpeurs français allèrent tant bien que mal vivre de leurs copeaux de papier en Allemagne et parfois même jusqu’en Russie.

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