« Découper et coller », un jeu de société centenaire au musée Artcolle
Si aujourd’hui comme hier le collage ludique est toujours d’actualité dans les écoles, la commercialisation d’images à découper remonte quant à elle à l’aube du XIXe siècle. Outre le célèbre Pellerin d’Épinal, nombreux furent les éditeurs à imprimer des images à découper, et à coller dans les albums de découpis, qui prendront le nom de scrapbook en Angleterre sous le règne de la reine Victoria. S’ajoutèrent en 1830 aux simples images, des planches de soldats ou de pantin, à découper et à assembler, puis en 1840 des théâtres de papier et enfin dès 1860 des planches de constructions. L’entrée du collage ludique comme jeu de société, c’est-à-dire pouvant « être joué à plusieurs » semble dater quant à lui à 1920. Du moins, présentement, il n’existe aucune trace d’un jeu de société basé sur le collage antérieur à cette date. Cette année-là donc, l’éditeur de jeu allemand Klee, qui existe toujours, met sur le marché sa boîte de jeu « Découper et coller ». Elles seront commercialisées jusqu’en 1929. L’exemplaire que possède le musée Artcolle a été diffusé par la librairie-papeterie Hans Sigvard à Baccarat, l’étiquette toujours présente faisant foi. La composition typographique du jeu est très inspirée de l’Art Nouveau, très en vogue jusqu’en 1920, avant qu’elle ne soit remplacée par l’Art Déco. Les images sont imprimées sur du papier gommé, ce qui en fait un « jeu de luxe » pour l’époque, puisque l’automatisation de la fabrication du papier gommé ne date que de 1880. Le papier gommé avait le défaut de se recourber sur lui-même. Ce n’est qu’en 1930 qu’un procédé inventé par l’imprimerie Courvoisier en Suisse permit de « gommer » – si je puis m’exprimer ainsi- ce défaut. Défaut que possèdent les images de notre exemplaire du jeu « Découper et coller », prouvant s’il en était besoin, son authenticité de jeu centenaire.
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